« J’ai tenu à venir à Lyon pour plusieurs raisons : Pour rassurer les Lyonnais, soutenir les forces de polices et surtout pour rappeler aux casseurs que leurs actes ne resteront et ne demeureront pas impunis ». Brice Hortefeux est arrivé à l’Hôtel de Police dans le huitième arrondissement de Lyon peu après 14h alors que de nouveaux affrontements avaient débuté dans la matinée place Bellecour. Il explique difficilement pourquoi ces violences surviennent particulièrement à Lyon se retournant alors vers son collègue ministre de l’Espace rural : « Michel Mercier qui était étudiant ici en 1968 me dit qu’il y a une tradition ».
Le Ministre de l’Intérieur a d’abord salué quelques policiers blessés la veille lors des violents échanges qu’ils ont pu avoir avec des jeunes. Chaque fonctionnaire lui a présenté sa blessure avant de réciter les faits, ne manquant pas de préciser s’il y a eu ou non interpellation des agresseurs. Ensuite, une réunion d’une demi-heure en privé s’est déroulée. Un film témoignant des émeutes de mardi a notamment été présenté au ministre. « Ces deux derniers jours sur la Presqu’île, des petits groupes d’individus extrêmement mobiles ont profité du mouvement social pour détériorer le mobilier urbain en centre ville, semer le désordre en brûlant des voitures et en pillant des magasins. Les images du film que j’ai pu voir il y a un instant le démontre sans aucune ambiguïté », a commenté le ministre.
Pour Brice Hortefeux, il s’agit d’une violence « la plus extrême et la plus gratuite ». Il a affirmé que le « droit de manifester ce n’est pas le droit de casser, d’incendier, d’agresser, de provoquer et de piller ». Mardi, la Préfecture de police a dénombré « 1300 casseurs dont la moitié des mineurs. Ils ont pillé une dizaine de magasins dont cinq rue Victor Hugo, détruit de nombreux abribus, incendié 7 véhicules et en ont retourné 21 ».
« N’utiliser que la force strictement nécessaire »
Le ministre de l’intérieur s’est montré satisfait du travail de la police : « Face à ces violences, les forces de l’ordre ont réagi avec beaucoup de calme, beaucoup d’efficacité et beaucoup de sang-froid ». Mardi, « La mobilisation extrêmement rapide de 549 policiers et gendarmes a permis un retour au calme en début de soirée vers 19 heures 30 même si certains individus ont tenu à nouveau à en découdre aujourd’hui (mercredi). Le contexte est extrêmement délicat », poursuit-il « avec des groupes mobiles et très jeunes. Les policiers ont su faire preuve de beaucoup de discernement en limitant les dégâts à quelques blessés. Alors que les forces de sécurité étaient prises pour cibles par des jets de projectiles divers, elles ont fait preuve de beaucoup de courage ». Sur les dix policiers blessés mardi, six l’ont été à Lyon. Brice Hortefeux a toutefois rappelé « aux effectifs de n’utiliser que la force strictement nécessaire » et que les « conditions d’emploi du flash-ball doivent être strictement respecté » même si pour l’instant, selon lui, les forces de sécurité « sont attachées au respect de ces règles ».
Sur les 79 interpellations dont 59 mineurs effectuées mardi, 65 ont été placés en garde-à-vue et 3 déférés au parquet au moment du discours. Mercredi, encore 20 interpellations ont eu lieu dans la matinée. « De telles violences ne resteront pas impunies. La police et la justice sont pleinement mobilisées et nous ne laisseront pas des petits groupes de voyous transformer notre territoire en champ de bataille. Nous ne tolérons aucun débordement. Les fauteurs de troubles sont inévitablement identifiés, arrêtés et déférés. Nous avons utilisé à Lyon un hélicoptère pour repérer ces groupes de casseurs et procéder à leurs interpellations grâce à la transmission en temps réel d’éléments physiologiques ». Le dispositif vidéo a également permis l’interpellation de « dix personnes après le pillage de trois magasins place Bellecour ».
Rapidement « indemniser les victimes »
Brice Hortefeux s’est également adressé aux commerçants : « Je suis aussi venu dire aux victimes qu’elles seront rapidement indemnisées. Les commerçants comme chaque citoyen veulent travailler, circuler, vivre paisiblement et quand on a ses vitrines cassées, des investissements gâchés, on ne peut pas rester inactifs. J’ai demandé au Préfet du Rhône de mettre en place une cellule de suivi des indemnisations des victimes. S’il y avait une situation dans laquelle elles ne seraient pas couvertes par les assurances, la solidarité nationale s’exercera ». Le Ministre a ensuite pris la direction de la Presqu’île pour une visite éclaire rue Victor Hugo et constater ce qu’il reste de dégâts. Jeudi, une nouvelle journée de manifestation est attendu, « le dispositif policier sera le même », assure-t-il.
Gérard Collomb dénonce une opération de comm
« Le Ministre de l’intérieur a décidé de venir à Lyon, pour ce que je croyais être une réunion de crise. Je regrette que le Ministre ait souhaité en faire une opération de communication », écrit le maire dans un communiqué. « Nos concitoyens viennent de vivre des moments difficiles. Cela mérite mieux que de petites opérations politiciennes. »