publicité fleche bas
actualite
Retrouvez
Lyon Info sur :
logo-facebook logo-twitter rss
Accueil > Culture > La rafle
Partager : 
Imprimer

diapo
Cinéma

La rafle

16 juillet 1942. A 4h du matin, 4000 policiers et miliciens français quadrillent Paris à la recherche des 24 000 juifs fichés par la France de Vichy. 13 152 d’entre eux, dont 4115 enfants ont été raflés ce matin-là. En même temps, quelques 10 000 autres ont été cachés par des Parisiens, au péril de leur vie. C’est l’histoire de la rafle du Vel d’hiv, la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée en France pendant la seconde guerre mondiale, que la cinéaste et ancienne journaliste Rose Bosch a choisie de raconter.

Tourné le plus souvent à hauteur d’enfants, le film raconte, à travers un garçon de 11 ans, Joseph Weisman, l’horreur vécue par ces milliers de Juifs. Arrêtés chez eux au petit matin, entassés pendant des jours au Vélodrome d’hiver dans des conditions sanitaires épouvantables, puis conduits au camp de Beaune-la-Rolande, ils ont fini massacrés à Auschwitz. Seuls 25 d’entre eux sont revenus du camp d’extermination. Rose Bosch s’est alors mis à la recherche de ces quelques survivants. « Je voulais que mes personnages principaux soient réels. Or, la plupart des adultes de l’époque ont déjà disparu. Restent ceux qui étaient enfants. Sauf qu’ils ont près de 80 ans aujourd’hui. Dans 10 ans, il ne restera plus aucun survivant. C’est pour cela qu’il était important que le film se fasse maintenant. » Autre difficulté, les survivants qu’elle avait trouvés étaient des évadés de la première heure. Ils ont soit été cachés dans les placards, soit réussi à s’échapper du vélodrome, et n’ont donc pas connu les camps du Loiret.

Ayant, pendant 3 ans, compilé des centaines d’archives, recueilli des témoignages, lu des lettres, visionné des centaines d’heures de documents vidéo, elle tombe sur un documentaire datant de 15 ans. A la fin, elle entend un homme déclarer en sanglots : « si jamais quelqu’un, un jour, fait un film sur ce qui nous est arrivé... Non, je pense que personne n’osera. » Joseph Weisman. Ayant réussi à s’échapper avec un autre garçon du camp de Beaune-la-Rolande, rampant sous 5 m de barbelés, il avait survécu. Par chance, ce même Joseph Weisman a écrit en 1995 à Jacques Chirac, pour le remercier d’avoir reconnu la responsabilité de la France dans la rafle du Vel’d’hiv, laissant une adresse au Mans. Rose Bosch lui écrit : « ce film dont vous parliez, je suis en train de le faire ». Il répond. Dans le film, il fait une brève apparition avec son petit fils dans une scène au Vel d’hiv.

Mais la réalisatrice ne se contente pas de plonger le spectateur dans l’intimité des Weismann, et des autres familles juives de Montmartre, de montrer des enfants qui jouent, des parents qui font confiance à l’État français, malgré l’étoile jaune cousu sur leurs vestes, des familles humbles et travailleuses. Cette vie de tous les jours est mise en miroir avec celle des bourreaux. On voit Hitler sur la terrasse du Berghof, sa résidence secondaire bavaroise, jouer avec les enfants de ses invités. Hitler végétarien qui ne supporte pas le cruauté faite aux animaux. Puis, Hitler exigeant « de la cendre » en parlant des fours crématoires qu’il était en train de faire construire à Auschwitz. On voit Pétain, qui apprend que les nazis ne voulaient, au départ, pas déporter d’enfants, trouvant cela « fâcheux » puisque les services sociaux français risquaient d’être débordés. Et Laval marchandant avec l’occupant.

Quant à la vie parisienne, Rose Bosch se garde de tout manichéisme. Elle montre la boulangère, trop contente d’être débarrassée de la « vermine juive », mais aussi la concierge qui donne l’alerte quand la police arrive. Il y a le gendarme qui a « des ordres » et les exécute de peur d’être fusillé et celui qui tabasse des femmes sans défense. Il y a les pompiers qui, malgré les ordres, donnent à boire aux prisonniers du Vel d’hiv, et vont poster les lettres que les raflés leur ont remises.

Le film a été en partie tournée en Hongrie, où a été reconstitué un quart du Vélodrome d’hiver, détruit après la guerre. Alors qu’il raconte les destins d’inconnus, Rose Bosch a choisi de s’entourer d’une brochette de stars du cinéma français, comme si elle avait peur que son film ne marche pas sans têtes d’affiche. Si Sylvie Testud et Mélanie Laurent sont bouleversantes en mère juive et infirmière protestante, la présence de Jean Réno et de l’humoriste Gad Elmaleh n’apporte rien. Pire, elle pipolise ce qui est une histoire d’anonymes. Une histoire dont la réalisatrice prévient en ouverture du film que « tous les évènements, même les plus extrêmes, ont eu lieu cet été 1942. »

- Long-métrage français
- Réalisé par Rose Bosch
- Avec Mélanie Laurent, Jean Reno, Gad Elmaleh, Raphaëlle Agogué, Sylvie Testud, Hugo Leverdez...
- Durée :1h55
- Genre : Historique, Drame
- Site officiel : http://larafle.gaumont.fr
- Sortie : 10 mars

Photos : lyon-info.fr et Gaumont Distribution

Publié le : lundi 8 mars 2010, par Michael Augustin

Réagir : 

Galerie photos (10 photos). Cliquez sur une image pour ouvrir le diaporama.



1 commentaire pour cet article


  • La rafle 8 mars 2010 à14:43, par Georges

    C’est chez nous, à Bruxelles-Schaerbeek au 20 rue Verhas, au rez-de-chaussée, que les nazis sont venus essayer de nous enlever : ils ont réussi à enlever et assassiner mon père à Auschwitz ! J’ai réussi à m’échapper au-dessus du mur du jardin...et ma mère a eu le culot de sortir en pantoufles et cache-poussière/tablier à la barbe du soldat qui gardait l’auto du nazi !...
    Dernièrement je suis retourné à notre appartement de 1943 et j’ai pris des photos et réalisé un diaporama que je tiens à la disposition de ceux qui le désirent.

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Psychomagie : un art pour guérir

Jodorowsky, artiste-guérisseur entre réel et magique

Revivre sa naissance, son enfance, voire vivre sa propre mort. La prescription d'Alejandro Jodorowsky est (...)
La suite
Bouquinistes

Comment vendre ses livres d'occasion à Lyon ?

Aussi amoureux qu'on puisse être de livres, soyez honnêtes, combien de livres de votre bibliothèque avez-vous relu (...)
La suite
Exposition

Lumière sur Yoko Ono

Le musée d'art contemporain (macLyon) de Lyon accueille très prochainement l'une des expositions les plus (...)
La suite
Art contemporain

Découverte et redécouverte à l'IAC

« Collection 15' » et « Demain dans la bataille pense à moi » sont présentés simultanément dans les 12 espaces de (...)
La suite
Musée des Confluences

Une exposition crée le lien entre arts plastiques et machines

Plus de 170 pièces, du XVIIIe siècle à nos jours, issues de 44 musées en Europe sont ici réunies pour la première fois (...)
La suite
Une mise en scène à faire fuir les jeunes

Faust à l'Opéra de Lyon : « Madame, on préfère le théâtre »

Florence Leray, journaliste mais également enseignante en philosophie a emmené ses élèves à l'Opéra. Le résultat de (...)
La suite
Clôture du Festival Lumière

Martin Scorsese : « Il faut se battre pour le cinéma ! »

Le festival Lumière s'est conclu dimanche sur un dernier hommage au lauréat, Martin Scorsese. De nombreuses (...)
La suite