La salle N du TGI, bondée, a pu assister à un changement de tactique de l’opérateur. Conscient que les Tribunaux de Grande Instance, compétents pour les affaires entre personnes privées, sont de plus en plus enclins à ordonner le démontage des antennes, Bouygues Télécom souhaite désormais porter ces affaires devant les Tribunaux administratifs, qui n’interviennent que si l’État est partie prenante, avec cet argument : les antennes seraient des ouvrages publics, qui occupent l’espace public, et engageraient donc l’État.
Sur le fond, les deux heures de débat n’auront pas fait émerger de nouveaux arguments. D’après l’opérateur, il serait scientifiquement prouvé que les antennes sont sans danger pour la santé, alors que les parents estiment qu’aucune certitude n’a encore pu être établie, et qu’il convient donc d’appliquer le principe de précaution.
Franck Heurtrey, qui défend les parents, a surtout fait valoir les particularités du cas Gerson, en insistant sur le proximité de l’antenne (30m), située presque au même niveau que la cour de récré, installée sur le toit de l’école (photo).
Des mesures y ont établi une exposition jusqu’à 4 V/m, dont la moitié provient cependant de l’émetteur télé de Fourvière. L’avocat de Bouygues Télécom a saisi ce point, en affirmant que les ondes électro-magnétiques existent depuis 50 ans et n’ont jamais fait de mal à personne. Faux, rétorquent les parents, car les ondes utilisées par la télé et la radio ne sont pas les mêmes que celles de la téléphonie mobile.
Interrogé à l’issue de l’audience, Franck Heurtrey s’est montré confiant : « ce cas est particulier, car il s’agit d’une école », souligne-t-il. Et de pointer les nombreuses recommandations politiques de ne pas implanter d’antennes à moins de 100m d’un établissement scolaire.
Jugement, le 15 septembre.