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Interview

« Le rectorat nie totalement nos difficultés »

Marie et Élodie, deux professeurs-stagiaires en mathématiques, en poste depuis la rentrée, font partie de la première génération de jeunes enseignants qui ne passent plus par l’IUFM pour apprendre leur métier. Depuis septembre, elles se retrouvent à plein temps devant une classe sans formation préalable. Suivies en théorie par un tuteur, ce n’est qu’au bout de cinq mois qu’elles ont été convoquées à effectuer un stage pédagogique de quatre semaines. Présentes dans les récentes manifestations, où elles ont défilé sous la banderole Enseignant, un métier qui s’apprend, Marie et Élodie confient leurs peurs. Elles craignent surtout ne pas être capables d’apprendre correctement à leurs élèves.

Comment s’est passée votre rentrée ?

Marie : Depuis le début de l’année, je n’ai jamais eu de tuteur. Je suis complètement livrée à moi-même. Je n’avais aucune idée sur la manière de faire un cours, comment m’organiser par rapport au programme, comment transmettre ma matière… Heureusement, les autres professeurs de mathématiques de l’établissement ont pris le temps de m’aider.

Élodie : J’ai eu beaucoup de chance, ma tutrice se trouve dans le même établissement que moi et elle est par ailleurs formatrice à l’IUFM. Même si elle n’était pas tout le temps disponible, elle m’a donné des bases. Par contre, contrairement à Marie, les autres professeurs ne m’ont pas donné de conseil.

Quelle est votre charge de travail ?

Marie : J’ai très peu l’occasion de souffler. J’ai quatre classes sur deux niveaux différents à gérer, des secondes et des premières STG. Mon problème majeur, c’est que je n’ai pas été formée au départ pour savoir structurer un cours. Du coup j’ai pris énormément de retard.

Élodie : J’ai le même problème d’organisation, je prépare mes cours la veille pour le lendemain. Dans ces conditions c’est presque impossible d’avoir du recul. Au niveau de ma vie sociale et affective, c’est une catastrophe, je n’ai plus de temps à consacrer à autre chose que mes cours.

Vous êtes actuellement en formation pour quatre semaines, comment cela se déroule-t-il ?

Marie : Concrètement, nous n’avons rien appris. C’est seulement maintenant, au bout de presque six mois d’enseignement, qu’on nous donne des cours pour apprendre à gérer une classe. En août dernier, on nous disait que la rentrée était le moment le plus important de l’année. Si on ratait notre rentrée, on ratait l’année. La formation arrive un peu tard.

Élodie : Sans compter qu’on perd une grande part de crédibilité auprès des élèves. Ceux de ma classe m’ont demandé pourquoi je partais en formation maintenant, pourquoi aussi longtemps. Ils ont l’impression qu’on les abandonne et je partage leur sentiment.

Quelles réponses recevez-vous du rectorat ?

Marie : Le rectorat nie totalement nos difficultés. Le seul soutien que nous trouvons dans cette formation vient des autres professeurs-stagiaires. Ça fait du bien de pouvoir parler de nos problèmes entre nous.

Élodie : J’aurais simplement souhaité que le rectorat reconnaisse que nous avions des problèmes. Mais pour eux, une formation théorique dans nos matières respectives suffit pour enseigner. Ils disent que nous n’avons pas plus de soucis que les années précédentes. J’ai l’impression qu’on se moque de nous. Franchement, si enseigner n’était pas une vocation pour moi, j’aurais déjà démissionné.

Lire aussi :

- Formation des profs : « Les élèves payent le prix de la réforme »
- Philippe Meirieu : « Les stagiaires hésitent entre dépression et répression »
- Les enseignants unis contre les suppressions de postes

Photos : © Eve Renaudin

Publié le : mardi 22 février 2011, par Eve Renaudin

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