Trois buts en cinq minutes, six buts en une mi-temps, sept au total... un exploit qui laisse songeur. Et qui éveille les soupçons. D’autant plus que les deux autres adversaires des Croates avaient certes gagné à Zagreb, mais sur des scores bien moindres : 2-0 pour l’Ajax Amsterdam et seulement 1-0 pour le grand Real Madrid. Des victoires, qui plus est, acquises « en souffrant », se souvient l’entraîneur lyonnais Rémi Garde. Tandis que Lyon s’est baladé au cours de la seconde mi-temps.
Des « gestes étranges »
« Inhabituel en football. Et très louche », juge Rue 89 dans un article paru quelques heures après le match. Le média en ligne cite la presse espagnole, la première à s’interroger. Le site du quotidien sportif As affirme ainsi avoir « vu des choses étranges. Les Croates sont d’abord allés de l’avant (ils ont ouvert le sore, ndlr) mais leur deuxième période a été indigne d’une équipe de la Ligue des champions. Sans vitesse, avec des pertes de balle constantes et effectuant des gestes étranges. »
As.com pointe notamment le troisième but lyonnais, consécutif à une énorme erreur de la défense centrale croate avec une passe en retrait d’Arijan Ademi pour Domagoj Vida immédiatement récupérée par Jimmy Briand. Le site espagnol publie un diaporama image par image de ce fameux but, inscrit dès la remise en jeu.
Capture d’écran à l’appui, le site écrit même avoir vu un clin d’œil du même Vida à l’attention de Bafétimbi Gomis, après le cinquième but lyonnais.
Le site de Marca, l’autre gros quotidien sportif ibérique, trouve, lui aussi, le match « bizarre, bizarre, bizarre ».
Si la polémique est aussi vive, c’est aussi en raison de la réputation sulfureuse du Dinamo Zagreb. Selon l’article de Rue 89, au moins trois affaires de corruption entachent la réputation du club :
en 2006, au tour préliminaire de la Ligue des champions, Zagreb perd le match aller contre Arsenal 3-0. Le gardien croate se déchire sur deux buts.
le 13 mai 2009, Zagreb remporte la finale de la Coupe de Croatie contre le grand rival, l’Hadjuk Split sur le score de 3 à 0, avec deux expulsions pour Split et un penalty pour le Dinamo.
en octobre 2009, en Ligue Europa, Zagreb gagne 3-0 chez les Roumains de Timisoara. Dan Alexa, le capitaine romain, prétend qu’un homme affirmant être un représentant du club croate lui a proposé 500 000 euros pour qu’il la joue tranquille pendant la rencontre.
L’« équipe bis » de Rémi Garde
L’exploit de l’Olympique Lyonnais est d’autant plus surprenant que le club même ne semblait plus y croire avant le coup d’envoi. Rémi Garde alignait ainsi une équipe B, laissant Anthony Réveillère, Cris, Kim Källström, Honorato Ederson et Lisandro sur le banc, alors que Michel Bastos, blessé au dos, était forfait. Une composition qui faisait dire au site de supporters Olympique et Lyonnais : « Garde n’y croit plus. » « En voyant l’équipe titulaire, on peut se demander si Rémi Garde souhaite vraiment mettre tous les atouts de son côté… C’est en effet une équipe bis qui est alignée en Croatie », avait pesté le site.
Un élément qui finalement semble contredire la thèse du match truqué. On peut supposer que l’OL aurait alors été plus discret.
Ajax veut une enquête
De son côté, l’Ajax Amsterdam a vécu un véritable cauchemar. Les Néerlandais passent non seulement à côté d’une qualification qui leur tendait grand les bras, les joueurs de Frank de Boer peuvent aussi en vouloir à l’homme en noir, António Miranda de Sousa. Car l’arbitre portugais leur avait refusé, en trois minutes, deux buts pour des hors-jeu imaginaires.
« L’UEFA devrait enquêter sur ce qui s’est passé à Zagreb », a réagi en conférence de presse Frank de Boer. « Mes assistants m’ont dit que les buts ont été rapides et faciles, parce qu’à l’heure de jeu, il n’est pas courant d’encaisser ce genre de buts. Nous avions notre destin en mains, mais nous n’avons jamais imaginé qu’il puisse se passer cela dans l’autre stade. »