Les coups de cœur
Ce n’était pas en Presqu’île qu’il fallait les chercher. Ainsi, notre incontestable numéro 1 a pris des allures de fête de quartier. Sur une place Ambroise Courtois noire de monde, la troupe montréalaise Moment Factory a rappelé avec brio ce qui a fait le succès de tant d’éditions passées : la féerie. Après une procession sur l’avenue des Frères Lumière, les artistes ont su émerveiller les centaines de spectateurs massés devant l’Institut Lumière avec un spectacle alliant danse, musique, lumières et vidéo. Les danseurs sur la scène évoluaient en harmonie avec la musique interprétée par une chanteuse, dont l’image semblait voler dans les airs. Le tout était souligné par la mise en lumière des immeubles du cour Albert Thomas. Jusqu’au final, symbolisé par un lancer de confettis géant. Magique.
Puissant également, le spectacle Les bâtisseurs, projeté sur la façade de la cathédrale Saint Jean, n’avait rien à envier aux éditions précédentes. Deux mains qui viennent dessiner puis façonner l’édifice, avant de l’entrouvrir pour laisser apparaître l’intérieur du lieu. Une scénographie visuelle et musicale qui relatait les épisodes successifs de la construction de la cathédrale.
Dans un genre plus intimiste, la montée de la colline, qui reliait le parvis de la cathédrale à celui de Fourvière, en suivant un fil de lucioles, permettait un moment de quiétude à l’abri du brouhaha de la fête. Les illuminations, éparses et variées, incitaient à de nombreuses haltes, pour contempler ci l’éclosion de fleurs, là une rose dessinée dans le creux d’un mur, ou encore un jeu de lumière sur un bout de mur ou quelques végétaux.
Preuve que la jeunesse ne dort pas : les 16 projets réalisés par des étudiants d’écoles d’architecture, d’art, de design et d’ingénieur. Notre préférence va à la performance réalisée par trois élèves lettons de l’Art Academy of Latvia à Riga. Pendant quatre jours, ces astronautes lumineux arpentaient les pentes de la Croix-Rousse, transportant dans leurs sacs à dos des boules de lumière (invisibles) qu’ils s’envoyaient de l’un à l’autre, ou qu’ils agrafaient aux vestons des passants, venus regarder ce spectacle d’un œil amusé.
Les petites déceptions
Efficace mais froid. Voilà ce qui caractérise l’apocalypse psychédélique qui animait la place des Terreaux. Une mise en scène incompréhensible sur un fond musical agressif, rythmé par le tic-tac énervant d’un métronome. Si la scénographie était puissante, l’émerveillement n’y était pas.
Haute en couleur, avec ses fleurs, ses corolles, ses pampilles et autres joncs, la place Louis Pradel a néanmoins laissé un arrière-goût de déjà vu. Ainsi les abat-jour rouges que coiffaient les lampadaires étaient directement recyclés de l’année dernière et l’idée des fleurs déjà exploitée en 2005.
La fresque des lumignons était cette année verticale. En fait, un simple mur rempli de bougies, à la place de l’image qui se dessine traditionnellement à même le sol au gré des lumières posées par le Lyonnais.
L’homme digital, perché sur l’antenne TDF de Fourvière est resté bien pâle et n’a pas été l’attraction tant annoncée.
Les gros bides
Habituellement le théâtre d’installations originales, les gradins de la Guillotière ont été cette fois-ci complètement délaissés. Les quelques lumières flottouillant sur le Rhône (au nombre de 365 pour autant de jours dans l’année) n’offraient qu’un spectacle insipide.
D’année en année, les organisateurs peinent à trouver une mise en scène à la mesure de la place Bellecour. A l’exception de la boule à neige qui recouvrait la statue équestre en 2007, les rendus étaient pour la plupart très moyens. Et l’année 2009 ne fait pas exception à cette règle. Après avoir rempli la place de 15 000 spectateurs pour un jeu de joystick géant, victime d’un ratage informatique, l’ennuyeuse projection d’œuvres d’art, tournoyant et virevoltant sur la grande roue, a fait aussi un flop.
Qui aurait oublié le mobile de poissons-clowns qui animait la fontaine des Jacobins l’année dernière ou le salon rouge déployé sur la place en 2007 ? En revanche, Dolce vita et ses quelques images filant sur les façades ne restera certainement pas dans les annales.
Mais comme il faut de temps en temps une année moins réussie pour rappeler aux organisateurs que rien n’est jamais acquis, il n’y a sans doute pas lieu de s’inquiéter pour les prochaines éditions.