Après avoir investi en novembre dernier le CROUS de la Madeleine pour protester contre le manque de logements étudiants à Lyon, la cible était cette fois-ci l’agence Foncia de la rue Edouard Herriot. Au son de la musique disco, une quinzaine d’activistes, pour la plupart étudiants et jeunes actifs, arborant perruques multicolores et lunettes de soleil, ont envahi les locaux de l’agence pour une petite fiesta improvisée, où les confettis volaient et le mousseux coulait à flot. « On n’a plus le droit de faire la fête chez nous, alors on la fait chez eux », rigolait Loïc Robert, l’un des coordinateurs de l’opération. Puis d’expliquer plus sérieusement : « Le problème du logement concerne tout le monde. » Entre frais abusifs, envois d’huissiers et cautions non restituées, leur liste des doléances était longue. « On n’arrête pas de se faire ponctionner par les agences », s’indigne ce doctorant en droit.
« L’agence m’a réclamé 80 euros pour une poignée de porte cassée dans les parties communes, parce que c’est moi qui l’avait signalée », s’insurge Marco, un autre manifestant. « Comme je ne voulais pas payer, ils m’ont menacé d’expulsion. » De guerre las, il a fini par mettre la main à la poche. « Si le montant avait été plus important, je serais allé au tribunal », soupire-t-il. « Mais comme ça, je n’ai pas six mois à perdre dans une procédure. » Et de déplorer qui les recours collectifs de type anglo-saxon, regroupant plusieurs plaignants, n’existent pas en France.
Bruno Bouvy, le président de Foncia Lyon, appelé sur les lieux, a refusé tout dialogue avec les fêtards. Très remonté, il s’est contenté de mettre tout le monde à la porte en ironisant, au vu des confettis : « c’est sympathique pour ceux qui devront faire le ménage. » Pas tout à fait, car les manifestants s’en sont chargés... pour ensuite présenter à l’agence la facture du nettoyage : « 315 euros, c’est raisonnable », commentaient-ils. Un clin d’œil aux multiples frais dont ils se disent victimes en tant que locataires. Avant de planter leur tente sur le trottoir « Je suis deçu », commentait Loïc Robert, « on croyait qu’ils le prendraient bien ». Et de conclure : « s’ils paient, on reversera l’argent au fond DALO pour la construction de logement social. »