Claude Puel peut se sentir soulagé. Car après la défaite la semaine dernière des siens contre Saint-Étienne (0-1), plus personne ne donnait bien cher de sa peau. Aujourd’hui, après une victoire à Tel-Aviv (3-1) qui consolida l’OL leader de son groupe et les trois points arrachés à Nancy (3-2) pour sortir Lyon de la zone de relégation, le sort de l’entraîneur lyonnais paraît beaucoup moins flou : il restera au minimum jusque fin octobre, date à laquelle Jean-Michel Aulas dressera un bilan du début de saison. De quoi placer le coach en position de force et permettre d’installer une relative sérénité dans les rangs lyonnais.
Un Gourcuff enfin en forme
Peu critiqué depuis son arrivée à Lyon, malgré des performances rarement à la hauteur de sa réputation (et de son prix), Yoann Gourcuff est sans contest l’un des artisans du renouveau lyonnais. « Quand on change de club, il y a une période d’acclimatation, il faut s’adapter au jeu pratiqué. J’essaye de donner le maximum sur le terrain », a déclaré l’ancien Girondin. Transparent à Bordeaux et contre Saint-Étienne, le meneur de jeu est monté en puissance à Tel-Aviv et a confirmé son regain de forme face à Nancy. « Mon intégration s’est très bien passée, les gens ont été très gentils avec moi. Après, au niveau sportif, c’est différent. On ne joue pas pareil quand on enchaîne les bons résultats, et quand on est dans une mauvaise passe », avoue l’intéressé.
A Lyon, les résultats reviennent petit à petit... et Gourcuff avec. Contre Nancy, il était à l’origine et à la conclusion de la première action lyonnaise, ayant permis à Jérémy Pied de décaler Aly Cissokho sur l’aile gauche, lequel centrait pour la tête non-cadrée de l’ancien Bordelais (11’). Yoann Gourcuff était aussi celui qui décrochait la première frappe lyonnaise de la partie, bien décalé par Jimmy Briand sur un ballon récupéré haut par Pape Diakhaté (29’), sans frais.
Présent, influent sur le jeu des Lyonnais, le fils Gourcuff formait la paire avec la deuxième recrue de ce mercato : Jimmy Briand. Les deux hommes s’illustraient dans un habile une-deux et Briand délivrait un caviar pour Lisandro Lopez, titulaire en pointe et de retour après sa blessure. Le goléador argentin, que l’on avait jusque là peu (pas) vu, faisait preuve de réalisme et permettait à l’OL de prendre un avantage logique au score (1-0, 37’). Le tandem infernal Briand/Gourcuff continuait à faire des siennes côté droit, et Pied, titularisé à la place de Bastos (sur le banc), montrait une nouvelle fois toutes ses qualités de percussion, de culot et de combativité. « J’aime aller jusqu’au bout, me battre jusqu’au coup de sifflet final. Dans la victoire comme dans la défaite, il y a toujours quelque chose à faire… » avouait le jeune olympien.
Après avoir laissé passer l’orage en début de seconde mi-temps (occasions pour Brison et Féret), Lyon doublait la mise au meilleur des moments par Jimmy Briand sur une passe décisive de Jérémy Pied, suite à un coup franc intelligemment joué par Gourcuff. L’ancien Rennais inscrivait son premier but sous le maillot de l’OL et assommait les Nancéiens, pensant sceller la victoire de son équipe (2-0, 55’). Mais c’était sans compter sur la révolte lorraine.
La défense de l’OL passive sur coups de pied arrêtés
En moins d’un quart d’heure, et alors que plus personne n’y croyait, l’ASNL allait revenir de l’enfer. C’est d’abord le Brésilien André Luiz qui plaçait une tête imparable depuis le point de penalty, sur un coup franc de Brison (2-1, 57’), puis c’est Féret, sur un prolongement d’André Luiz (encore lui), qui taclait le ballon hors de portée d’Hugo Lloris (2-2, 70’). Le gardien international était clairement fautif sur cette action, ratant sa sortie et communiquant (à tort) avec ses défenseurs. L’OL retombait donc dans ses travers et confirmait qu’il était incapable de tenir un score, une fois celui-ci acquis. « On a su se ressaisir après leurs deux buts. On est resté costaud » note néanmoins Lamine Gassama, remplaçant d’Anthony Réveillère en raison de sa suspension.
En effet, malgré la fatigue physique du match de Tel-Aviv et celle, mentale, de l’égalisation lorraine, l’OL a su trouver les ressources pour inscrire un troisième but. Et c’est le passeur et buteur de la rencontre qui allait une nouvelle fois s’exprimer : Jimmy Briand profitait d’une erreur d’appréciation de Bracigliano pour lui subtiliser le ballon et marquer habilement dans les cages vides (3-2, 75’).
« On travaille beaucoup a l’entraînement, les buts de ce soir nous récompensent du travail accompli » déclare Jimmy Briand. « Le premier but de Lisandro est une action que l’on répète beaucoup sur les terrains d’entraînement. Ce soir, il termine bien l’action. Sur le second, Jérémy Pied me met un bon ballon au second poteau, on l’avait répété aussi. Sur le troisième, je profite d’une erreur du gardien, c’est le jeu » ajoute-t-il, soulagé comme tout l’environnement lyonnais de ces trois points primordiaux. « Un nul n’aurait pas été satisfaisant, on fait tout pour ramener des points à domicile et à l’extérieur » avoue Maxime Gonalons. C’est chose faite, et du côté de Jean-Michel Aulas on doit se féliciter de n’avoir pas cédé à la pression des supporters qui réclament la démission de Claude Puel.
C’est donc dans la douleur et l’abnégation que les Lyonnais sont allés chercher une difficile victoire à Nancy, sur terrain synthétique. Lyon aura montré tout les visages et proposé (presque) tout les scénarios en 90 minutes : dominant puis dominé, confiant puis fébrile, abattu puis motivé, l’OL aura aussi joué dans l’action et dans la réaction. L’attaque, en panne d’efficacité, a semble-t-il retrouvé un élan positif, puisqu’après les trois buts inscrits en Coupe d’Europe mercredi, trois nouveaux buts ont été inscrits en faveur des Gones ce samedi.
La trêve internationale : bonne ou mauvaise chose ?
La véritable question qui se pose maintenant est celle de savoir si la trêve internationale qui se profile va faire du bien aux Lyonnais, qui pourront ainsi changer d’air, de coéquipiers, d’objectifs, de situation, où si au contraire elle va casser la nouvelle dynamique du groupe, et ses deux victoires consécutives. Historiquement, Lyon a toujours eu du mal à effectuer la transition entre compétition internationale et championnat national. De mauvaise augure avant la réception de Lille, le 16 octobre prochain à Gerland ?
