Fondée en 1984 dans le 7ème arrondissement, l’école Émile Cohl s’apprête à quitter la rue Paul-Bert (Lyon 3ème) où elle a posé ses trousses à crayons ces 20 dernières années. L’établissement qui accueille aujourd’hui 460 étudiants est à nouveau à l’étroit dans ses locaux actuels, malgré des agrandissements réalisés au fil des années.
Comme nous l’annoncions il y a un an, l’école envisage de déménager à la friche RVI (Lyon 3ème). Elle y rejoindrait la SEPR, les compagnons du bâtiment et l’école de la Croix rouge pour former l’un des plus grands campus professionnels de France avec plus de 5000 étudiants.
Elle y investira les sheds le long de la rue Feuillat, seul vestige témoignant encore du glorieux passé industriel du site, où de prestigieuses marques, de Rochet-Schneider à Renault Véhicules Industriels (RVI) ont fabriqué voitures et camions. Doublé d’une deuxième aile autour d’une lumineuse rue intérieure, le bâtiment formera un ensemble de 7500 m².
Il permettra à l’école de tripler sa surface actuelle (2400 m²) et d’accueillir d’ici 10 ans quelque 900 étudiants, soit deux fois plus qu’aujourd’hui. Parmi ceux-ci, une centaine appartiendront à l’ECohlCité, une école de peinture murale créée il y a deux ans en collaboration avec la société oullinoise CitéCréation, leader mondial dans le domaine et auteure de nombreuses fresques à Lyon et dans le monde. Toutefois, les travaux n’ayant pas encore commencé sur le nouveau site, le déménagement complet ne devrait être effectif qu’en 2016.
Autre projet dans les tuyaux de l’établissement : l’ouverture d’une école à Pékin. « En Chine, c’est là-bas que ça se passe sur le plan culturel », pointe Emmanuel Perrier, directeur délégué de l’école. Des contacts ont d’ores et déjà été noués avec des universités chinoises. L’ouverture n’est toutefois pas prévue avant deux ans.
Un cursus exigeant
Généraliste, l’école Émile Cohl forme à tous les métiers de dessin, de la bande dessinée au jeu vidéo, en passant par l’illustration, le graphisme et le dessin animé. Elle s’est choisi comme nom le pseudonyme utilisé jadis par le dessinateur, photographe, caricaturiste et réalisateur Émile Courtet (1857-1938). Créée par Philippe Rivière, un professeur renvoyé des Beaux arts pour s’être fait le chantre de la bande dessinée, un art mal vu à l’époque, l’école propose un cursus en cinq ans, sanctionné depuis 2012 par un diplôme visé par l’État, équivalent d’un bac + 4.
Si 80% des étudiants ont trouvé un emploi trois ans après leur diplôme, selon le comptage officiel, la sélection est sévère au cours du cursus. Sur 170 étudiants inscrits en première année, il n’en reste plus que 60 à la fin de la cinquième. L’école se dit en effet exigeante sur le respect des règles, la rigueur et l’engagement personnel.
La 3D pour « bousculer les standards »
A la rentrée prochaine, une formation en trois ans dédiée aux images 3D viendra enrichir l’offre pédagogique. Elle visera à former des auteurs graphiques capables d’inventer de nouvelles formes en 3D. « Nous voulons bousculer les standards », clame Emmanuel Perrier. « Nous souhaitons apporter de la french touch pour sortir du style imposé par les grands studios comme Pixar. »
Une french touch appréciée depuis longtemps dans le monde de la bande dessinée, où l’Hexagone se classe troisième après les États-Unis et le Japon. Or, « la BD ne nourrit pas toujours », reconnait Emmanuel Perrier dont nombre d’anciens élèves ne la pratiquent qu’à côté d’un autre boulot, dans le jeu vidéo ou le multimédia. Sous peine de finir comme Émile Cohl, mort dans la misère à 81 ans.
Info : l’école organise une journée portes ouvertes le 26 mars. Rens. : www.cohl.fr