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Cinéma

La grande vie

Grégoire, un modeste prof de philo stéphanois (parce que le film est subventionné par la région Rhône-Alpes), défenseur des sans-abris, se voit un soir propulsé sur le plateau de l’émission télé Le Grand Bazar, présenté par Patrick, une sorte de Thierry Ardisson bedonnant. Si l’émission tourne au fiasco pour Grégoire, la rencontre de cet homme de lettres avec l’animateur de télévision, sentimental et superficiel, va changer le cours de la vie de tous les deux.

Voilà ce qui aurait pu être le point de départ d’une sympathique comédie. Le prof de philo qui rêve d’être écrivain, et l’animateur du petit écran qui cherche un sens à sa vie. Mais voilà, pour son premier long-métrage, l’acteur-scénariste-monteur Emmanuel Salinger se prend les pieds dans les bobines. Voulant courir trop de lièvres à la fois, il n’arrive à en attraper finalement aucun. Trop d’intrigues tuent décidemment l’intrigue. Ainsi, dans ce film, il y a la quête de sens, bien évidemment, mais aussi le sans-abri qui squatte chez Grégoire (Maurice Bénichou dans le rôle du clodo intrusif mais attachant), le prof engagé devant l’indifférence de ses élèves, les médias en proie aux velléités de méchants industriels, puis la belle-mère fofolle. Chaque idée aurait suffi à elle-même pour inspirer un bon scénario. Mais le réalisateur, en les mettant toutes dans un mixeur, ne fait qu’en sortir une bouillie insipide.

Le choc culturel et social attendu fait défaut. La confrontation n’est pas développée, et traitée à travers des scènes généralement clichées. Tout autant qu’un autre sujet à peine effleuré : la mainmise des industriels sur les médias. Bien que Bernard Le Coq soit crédible en entrepreneur sarcastique et sans scrupules qui finit par racheter la chaîne qui emploie Patrick, le réalisateur renonce à pousser le topo plus loin et se contente de questions sans réponses.

Ainsi, Emmanuel Salinger galvaude au passage nombre de talents dont il a su s’entourer. Michel Muller qui mime un chroniqueur télé (un rôle qu’il a tenu à une époque sur Canal +) n’a pas un mot à dire. Frédérique Bel et Philippe Duquesne en militants du droit au logement ont moins de temps de présence que le TGV Saint Etienne-Paris qu’on voit en permanence passer dans un sens et dans l’autre. A l’image du film qui ne finit pas de courir d’un sujet à un autre.

- Film français
- Réalisé par Emmanuel Salinger
- Avec Laurent Capelluto, Michel Boujenah, Hélène Fillières, Maurice Bénichou, Bernard Le Coq, Céline Sallette, Frédérique Bel, Philippe Duquesne ...
- Durée : 1h25
- Sortie : 4 novembre 2009

Photos : DR

Publié le : lundi 2 novembre 2009, par Michael Augustin

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