Il est jeune, sur-diplômé, a un emploi, mais plus le droit de l’exercer. Diego Romero, 29 ans, d’origine équatorienne, diplômé de l’INSA (génie civil et urbanisme) et de l’École d’architecture de Lyon, salarié du réputé cabinet d’urbanisme parisien Base, est condamné à se tourner les pouces, au moins jusqu’en mai prochain.
Début août 2011, alors qu’il avait terminé ses études, Diego Romero prend contact avec la préfecture afin de passer du statut d’étudiant au statut de salarié. Ce qui lui apparaissait comme une simple formalité devient alors le point de départ d’un chemin de croix.
Le 8 décembre, la préfecture lui signifie le rejet de sa demande en vigueur d’une très contestée circulaire, signée le le 31 mai dernier par le ministre de l’intérieur Claude Guéant. Celle-ci restreint fortement le droit de travail des étudiants étrangers.
Stupéfaction chez son employeur, qui lui procure aussitôt les services d’une avocate. Celle-ci dépose alors une nouvelle demande, cette fois-ci au titre de la vie familiale. Car, en plus d’être sur-diplômé, Diego Romero qui vit en France depuis 10 ans, est également pacsé avec une Française, tandis que son frère a été nationalisé.
L’avancement du projet Sergent Blandan menacé
Or, ces difficultés administratives risquent fort d’avoir des répercussions urbanistiques à Lyon. Car c’est Diego Romero qui pilotait au sein de l’agence Base la transformation de la caserne Sergent Blandan, une ancienne friche militaire de 17 hectares, en parc urbain. Un projet de 58 millions d’euros lancé en mai dernier.
« C’est moi qui connais le projet de A à Z », s’offusque le jeune ingénieur, qui s’exprime dans un français parfait. Alors que la phase d’études n’est pas encore terminée, l’agence Base a dû charger une autre personne du suivi du dossier. « Je la conseille, lui explique les difficultés du projet », note Diego Romero, « mais tous les petits détails sont difficiles à transmettre. »
« Ce n’est pas évident de remplacer quelqu’un qui connaît le projet depuis le début », renchérit Gilles Buna, vice-président à l’urbanisme au Grand Lyon. Il craint que le projet d’aménagement, qui doit être réalisé d’ici 2016, ne prenne un sérieux retard et dénonce « une connerie gouvernementale ».
Avec Gérard Collomb, l’élu a écrit au préfet afin de demander que la demande du jeune urbaniste soit examinée « rapidement et avec la plus grande bienveillance », précise le président du Grand Lyon.
Depuis, le jeune Equatorien a obtenu un nouveau rendez-vous à la préfecture le 16 mai prochain, afin d’apporter des pièces supplémentaires. D’ici-là, il a interdiction formelle de travailler. Et sa compagne doit assurer seule les charges du foyer. « Ce n’est pas facile », se désole le jeune architecte.