publicité fleche bas
actualite
Retrouvez
Lyon Info sur :
logo-facebook logo-twitter rss
Accueil > Culture > Le temps des grâces
Partager : 
Imprimer

diapo
Cinéma

Le temps des grâces

Le temps des grâces est une enquête documentaire sur le monde agricole français d’aujourd’hui à travers de nombreux récits. Tour à tour agriculteurs, chercheurs, agronomes, microbiologistes, fonctionnaires et écrivains apportent leur pierre à l’édifice. Apparaît alors un tableau accablant de l’agriculture moderne. Un monde en proie à des bouleversements économiques, scientifiques et sociaux colossaux, qui détruit ce qui le fait vivre. Un monde au centre d’interrogations majeures sur l’avenir.

« Je suis de la campagne, à l’origine. Mes grands-parents maternels étaient agriculteurs », raconte Dominique Marchais, le réalisateur. Né dans l’Eure-et-Loire, il a connu le temps « où il y avait des fermes dans les villages et des vaches dans les fermes. » Petit à petit, ce monde a changé. Poussées par une Politique agricole commune (PAC) mal orientée, les petites fermes ont disparu, englouties par des exploitations de plus en plus vastes, passées de quelques dizaines à quelques centaines de hectares. Avec elles, la diversité écologique a foutu le camp. Des bocages, un temps sauvegardées par le Contrat territorial d’exploitation (CET), ont disparu avec l’abolition de celui-ci, pour laisser leur place à des champs de céréales à perte de vue. Et avec eux les oiseaux et les belettes sont partis. Eux qui chassaient jadis les rongeurs. En même temps, les villes s’étendent et grignotent les terres agricoles les plus fertiles.

En donnant la parole aux anciens, Dominique Marchais réussit à remonter le temps, jusqu’aux origines des bouleversement qui ont marqué l’agriculture moderne. A l’après-guerre, sous l’impulsion du plan Marshall, les exploitations ont commencé à se mécaniser. La pénurie du temps de la guerre provoque la volonté de nourrir le monde. A coup de pesticides et d’engrais chimique. Jusqu’à l’excès. Jadis, les vignes vivaient une centaine d’années. Aujourd’hui, elles meurent au bout de 20 à 25 ans. Constat catastrophique lorsque l’on sait qu’une vigne produit le meilleur raisin au bout d’une vingtaine d’années… « La vocation de la France n’est pas de faire du dumping à des paysans pauvres. Les pays du tiers monde doivent se nourrir par eux-mêmes, notre vocation n’est pas de les nourrir. », dit dans le film Marc Dufumier, enseignant-chercheur à l’AgroParisTech. Au lieu de produire une nourriture en quantité et à rabais, la France ferait mieux de miser sur une agriculture de qualité. « Si on voulait juste manger pas cher, on n’aurait pas du tout besoin des agriculteurs français », clame Dominique Marchais. « On pourrait tout importer du Brésil. »

Quelle solution alors dans un pays où on apprend aux jeunes exploitants à bien doser des engrais chimiques sans chercher à comprendre qu’il existe des solutions naturelles... et gratuites, car les microbes qui aèrent et nourrissent la terre ne coûtent rien. Rendre la terre fertile à nouveau, retrouver un équilibre écologique doit passer par une volonté politique assez forte pour s’opposer aux lobbies agrochimiques. Comme le résume Lydia Bourguignon, une microbiologiste : « Le microbe travaille gratuit. Le vivant n’est pas brevetable. Le durable n’est pas rentable. La nature a une gratuité qui est gênante aujourd’hui. »

Le film ne fait pas le procès de la modernité. On en sort sans sentiment de culpabilité, juste avec l’envie de faire un tour au rayon bio, lors du prochain passage au supermarché. Seule reproche qu’on peut faire à Dominique Marchais, dont c’est le premier long métrage, c’est d’avoir calque le rythme du film sur celui de la vie à la campagne, un peu traînant et long. Si bien qu’on se surprend, dès l’heure du film, à regarder de temps en temps sa montre.

Photos : lyon-info.fr et Capricci Films

Publié le : mercredi 10 février 2010, par Michael Augustin

Réagir : 

Galerie photos (11 photos). Cliquez sur une image pour ouvrir le diaporama.



Commenter :


modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Psychomagie : un art pour guérir

Jodorowsky, artiste-guérisseur entre réel et magique

Revivre sa naissance, son enfance, voire vivre sa propre mort. La prescription d'Alejandro Jodorowsky est (...)
La suite
Bouquinistes

Comment vendre ses livres d'occasion à Lyon ?

Aussi amoureux qu'on puisse être de livres, soyez honnêtes, combien de livres de votre bibliothèque avez-vous relu (...)
La suite
Exposition

Lumière sur Yoko Ono

Le musée d'art contemporain (macLyon) de Lyon accueille très prochainement l'une des expositions les plus (...)
La suite
Art contemporain

Découverte et redécouverte à l'IAC

« Collection 15' » et « Demain dans la bataille pense à moi » sont présentés simultanément dans les 12 espaces de (...)
La suite
Musée des Confluences

Une exposition crée le lien entre arts plastiques et machines

Plus de 170 pièces, du XVIIIe siècle à nos jours, issues de 44 musées en Europe sont ici réunies pour la première fois (...)
La suite
Une mise en scène à faire fuir les jeunes

Faust à l'Opéra de Lyon : « Madame, on préfère le théâtre »

Florence Leray, journaliste mais également enseignante en philosophie a emmené ses élèves à l'Opéra. Le résultat de (...)
La suite
Clôture du Festival Lumière

Martin Scorsese : « Il faut se battre pour le cinéma ! »

Le festival Lumière s'est conclu dimanche sur un dernier hommage au lauréat, Martin Scorsese. De nombreuses (...)
La suite