A 14h, des petits groupes commencent à se former sur la place des Terreaux, entourés par une dizaine de camions policiers et d’un camion à eau. Aux quatre coins de la place des groupes de 5-6 personnes scrutent l’éventuelle arrivée de militants d’extrême-droite. « On ne veut pas laisser la police faire seule la sécurité du cortège. On veut s’en occuper nous-mêmes » explique Cyril, militant des Jeunes Écologistes de Lyon, talkie-walkie à l’oreille.
Plusieurs partis de gauche : PS, PCF, Parti de gauche, ainsi que des syndicats et associations : Sud, Solidaires, CGT, ATTAC..., sont là pour dénoncer le rassemblement des Identitaires qui a lieu au même moment, juste l’autre côté de la Saône, sur la place Saint Jean. Ils veulent « éviter que Lyon ne devienne le laboratoire de l’extrême droite », explique le Collectif vigilance 69, à l’origine de la contre-manifestation. « On a réussi à rassembler plus de 2 000 personnes en avril dernier pour une autre manifestation contre l’extrême droite, on espère faire de même aujourd’hui » affirme, confiant, le conseiller régional Armand Creus. Pari raté. Le mauvais temps aidant, ils n’étaient que 800 selon le comptage de la police.
Près de l’Hôtel de Ville, un petit groupe gonfle des ballons roses en forme de cœur. « Ils représentent l’amour et s’opposent aux ballons roses que les fascistes utilisent pour cacher la réalité de leur rassemblement », explique un des jeunes.
Avant que le cortège ne démarre, la sono de la CGT entonne J’accuse de Damien Saez, un réquisitoire contre la société de consommation et le capitalisme. A 14h30, le départ est sonné et la foule éparpillée se rassemble derrière les différentes banderoles, dont la plus connue Ripostons au fascisme. Suivent les bannières du Collectif vigilance 69, du Front de Gauche et de Voraces.
La manifestation se dirige vers la place Bellecour sous une pluie torrentielle. Arrivée sur la place, l’heure est au discours, avant que le cortège ne redémarre, trempé en direction du quartier de la Guillotière. Les autres prises de parole doivent se faire « à la Préfecture, on espère, au chaud ».
Côté slogans, les manifestants n’innovent guère : « le fascisme c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève », « première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés », peut-on entendre, ou encore « c‘est pas les sans-papiers, c’est pas les immigrés qu’il faut virer, c’est le gouvernement qu’il faut éliminer ». Il n’y a guère plus qu’un ou deux chants qui replacent la manifestation dans son contexte comme « facho, si tu savais, ta marche où on s’la met, non, non, non à la marche des cochons ».
La manifestation, qui devait se diriger vers la Préfecture, s’arrête finalement à la place Guichard, où elle se disperse dans le calme et toujours sous la pluie. Les manifestants se hâtent vers le métro, d’autres partent à travers les ruelles, mais le plus gros du cortège s’en va en direction de la Croix-Rousse, suivi par un petit groupe de 5 ou 6 CRS, qui veillent au grain. Ils n’auront pas besoin d’intervenir.