Ils étaient 10, mercredi matin au siège du Parti socialiste du Rhône. Des inconnus, élus locaux pour la plupart, rassemblés autour du président de région Jean-Jack Queyranne et Najat Belkacem, la porte-parole nationale de Ségolène Royal. Les grands élus, eux, se sont depuis longtemps repartis entre les favoris des sondages François Hollande et Martine Aubry. Qu’à cela ne tienne, « les soutiens de Ségolène Royal, ce sont les gens, les Français », insiste Najat Belkacem, confiante en la popularité de sa candidate. Avant d’ajouter : « Peu importe le nombre d’élus qui vous suivent, ce qui compte, c’est la dynamique populaire. »
Car les primaires ne sont pas réservées aux seuls adhérents du PS. « Une innovation politique », s’enthousiasme Jean-Jack Queyranne. Pour laquelle il souhaite mobiliser le plus de Français possibles. « Le nombre plancher, ce sont 1 millions d’électeurs en France », rappelle le président de région, soit quelques 120 000 Rhônalpins qui devront se déplacer les 9 et 16 octobre, munis de leur carte d’électeur, pour élire le candidat socialiste. « Ce n’est pas quelque chose d’acquis », prévient l’élu. « Il ne faut pas que les primaires soient confisquées par un appareil politique. »
Un appareil politique que les royalistes soupçonnent d’être verrouillé par l’actuelle première secrétaire et son prédécesseur François Hollande. C’est toutefois oublier un peu vite la percée que Ségolène Royal avait réalisée lors du congrès de Reims de novembre 2008, distancée par Martine Aubry de 120 petites voix au terme d’un scrutin fortement entaché de soupçons de fraude. « Une semaine avant le premier tour, Bertrand Delanoë était le grand favori des sondages et Ségolène Royal créditée de seulement 18% », rappelle malicieusement Najat Belkacem.
18%, ça fait toutefois encore 5 points de plus que le score actuel de Ségolène Royal qui oscille entre 11 et 13%. Qu’à cela ne tienne, les soutiens de la présidente de Poitou-Charentes avancent la nouveauté du scrutin. « Les sondages ne peuvent donner que des résultats très aléatoires parce qu’on ne connaît pas le corps électoral », souligne l’ancien ministre Charles Fiterman, un autre fan. « Avec les primaires on est devant un objet politique non identifié. » Une sérénité de façade qui n’a pas empêché la candidate de demander l’interdiction de publier des sondages à moins de 48 heures du premier tour. « Ils peuvent avoir un effet auto-réalisateur », s’inquiète Najat Belkacem.
Pas de quoi atteindre la détermination des soutiens royalistes, qui battent le pavé pour inciter les Français à aller voter pour leur championne. « Ce qui frappe chez Ségolène Royal, c’est sa proximité avec les gens », insiste Jean-Marc Fognini, maire de Belley dans l’Ain. « Je me retrouve dans ce discours vrai. » Un avis partagé par Najat Belkacem : « On se demande si la gauche, à force de parler des gens, n’a pas oublié de parler aux gens. La première qui sait parler aux gens c’est Ségolène Royal. »