« S’ils veulent rentrer chez moi, il faut qu’ils me passent sur le corps », tempête Philippe Layat en audience. La route que le Grand Lyon compte construire, couperait en deux les terres de cet éleveur de moutons. « C’est un endroit bucolique, qui fait partie du V-vert (le poumon vert de l’est lyonnais, ndlr) », fulmine-t-il. « Il n’y a pas de pollution, que des moutons qui paissent. »
De ses 24 hectares, il ne lui en resterait alors plus que 18, en deux morceaux. Pour quel préjudice ? Voilà l’objet d’une bataille de chiffres entre Étienne Tête, élu écologiste et avocat de l’agriculteur et le Grand Lyon.
La communauté urbaine a chargé la Chambre de l’agriculture de trouver des accords amiables avec les agriculteurs concernés. Un service qui fait partie d’un ensemble de prestations facturé 900 000 euros. Un « protocole secret » qui fait hurler l’avocat : « C’est proprement scandaleux ! », s’étrangle l’homme de loi. « On ne peut pas servir deux maîtres à la fois. Défendre les agriculteurs et vendre des prestations au Grand Lyon. »
Un euro le mètre carré
La collectivité urbaine propose de racheter les terres de Philippe Layat 1 euro le mètre carré, plus une indemnité d’éviction. Non loin de là, aux Panettes, un terrain qui doit accueillir l’un des parkings du stade, les prix sont sans commune mesure : 42 euros. Une question de classification. Si les terrains de l’agriculteur sont fléchés N pour naturels, ceux du futur parking sont catalogués AU (à urbaniser) et donc maintes fois plus chers.
Mais Philippe Layat ne veut de toute façon pas vendre. « Même à 350 euros. Je ne suis pas une prostituée », s’écrie l’éleveur. « Ça fait 400 ans que ma famille est installée ici. Si vous prenez ma terre, c’est comme si vous m’arrachez le cœur. » Et de menacer : « Je vais défendre les terres de mes ancêtres, qui ont trimé pour les cultiver. »
Sans trop se faire d’illusions. « Ils vont m’envoyer les CRS et les bulldozers. Mais il y aura du grabuge ! Je suis prêt à mourir en martyr. »