La France ne se classe que 17ème dans le domaine du très haut débit, loin derrière le trio de tête (Lituanie, Slovénie et Norvège). « Si rien n’est fait, il y a un vrai risque de décrochement pour l’équipement en fibre optique du territoire national », prévient le sénateur Hervé Maurey (Nouveau centre) dans un rapport publié en novembre 2011.
Le Conseil régional a voté fin mars un ambitieux objectif : connecter chaque Rhônalpin à la fibre optique d’ici 2025. Reste plus qu’à trouver les budgets nécessaires. Car le chantier s’annonce titanesque : 3,2 milliards d’euros seront nécessaires rien qu’en Rhône-Alpes. Une somme à répartir entre l’Etat, les collectivités et les opérateurs privés. Mais voilà, comment ?
En août 2010, l’État à lancé un Appel à manifestations d’intentions d’investissement auprès des opérateurs privés. En Rhône-Alpes, six entreprises ont répondu (France Télécom, SFR, Free, Covage, Alsatis et Ezyla). Sans surprise, elles se sont uniquement positionnées sur les zones les plus rentables, notamment les agglomérations lyonnaise, stéphanoise et grenobloise, soit 470 communes qui représentent 53% de la population rhônalpine.
L’investissement privé est évalué à 900 millions d’euros. Car le coût n’est pas le même en territoire dense ou rural. S’il faut compter 500 euros par abonné à Lyon, le budget peut atteindre 1500 euros en zone rurale, voire 3500 euros en haute montagne. Pour fibrer les 2400 communes restantes, l’État et les collectivités devront donc trouver 2,3 milliards d’euros. Un réel frein au développement du très haut débit, d’autant plus que les déclarations d’intentions des opérateurs privés ne sont nullement contraignantes, et personne ne sait aujourd’hui ce qu’ils feront réellement.
Des disparitions régionales énormes
Le Rhône s’est doté depuis 1995 d’un réseau d’autoroutes en fibre optique, interconnectant la quasi-totalité des communes, mairies et collèges du département. Il ne lui reste alors plus que créer les dessertes locales pour raccorder les foyers et entreprises. Si l’Ardèche et la Drôme disposent également d’un réseau d’autoroutes numériques dense, d’autres départements sont encore à la traîne. L’Isère et la Loire ne sont que faiblement équipées, tandis que la Savoie et la Haute-Savoie commencent les travaux seulement cette année.
De nouveaux usages encore à inventer
Télétravail, médecine, robotique…, de nombreux secteurs pourraient tirer profit de la généralisation du très haut débit. « Imaginez un médecin à Lyon qui peut consulter en ligne une radio ou une échographie à Marseille », s’enthousiasme Pierre Bezina, le directeur des politiques territoriales à la Région. Autre application dans les cartons du Conseil régional : un robot qui remplacerait en classe un élève en longue maladie. « Il lui permettrait de rester en contact avec ses professeurs et copains », explique Pierre Bezina. Sans oublier tous les usages encore à inventer. « Le fait d’avoir apporté l’eau courante dans les appartements a permis les douches et l’invention de la machine à laver. »