Si sa conscience politique s’est éveillée très tôt, le véritable déclic n’est venu que le 11 septembre 2001. Les images de l’effondrement des tours jumelles l’ont décidé à « prendre part à la vie politique ». Le bouleversement planétaire déclenché par les attentats terroristes appelle en lui le souhait « d’un Etat et d’une République forts ». Un souhait qui trouve un écho dans les propositions de Jean-Pierre Chevènement.
Dès l’année suivante, il s’engage dans la bataille de la présidentielle aux côtés du candidat souverainiste, déjà estampillé « ni droite ni gauche ». Pour mieux le quitter deux ans plus tard, lorsque le Mouvement républicain et citoyen fondé par l’ancien ministre change de premier secrétaire. Une trahison aux yeux du jeune militant qui dit avoir « cru en la parole de Chevènement mais pas d’un autre ».
Une autre présidentielle se profile et un autre candidat commence à monter dans les sondages : François Bayrou. Séduit par son positionnement, lui aussi, « ni droite ni gauche », James Georges rejoint alors l’UDF. « C’est la première fois que j’ai pris la carte d’un parti », se souvient-il. Galvanisé par les 18,57% obtenus par le centriste au premier tour, il s’engage dans le création du MoDem. Il participe au Forum des Démocrates, l’université d’été du mouvement à Seignosse dans les Landes, puis part à Villepinte (Seine-Saint-Denis) pour le congrès fondateur du MoDem.
Dès l’année suivante, on le trouvera aux municipales à Lyon sur la liste MoDem animée par Eric Lafond. « On s’attendait à faire 10% et pouvoir se maintenir au second tour », dans cette ville traditionnellement centriste, confie le militant. Ils n’obtiendront finalement que 6%. Une déception qui ne le découragera pas. Entre deux élections, James Georges poursuit son engagement dans le conseil de quartier La Plaine Santy (Lyon 8ème) où il habite.
En 2012, une nouvelle élection présidentielle se profile qui amène une nouvelle désillusion. « On espérait que Bayrou atteindrait le second tour », se souvient James Georges. Le candidat centriste divisera finalement son score de 2007 par deux et quitte la compétition à nouveau dès le premier round. Et le doute s’instille chez ce militant de 47 ans. « J’ai trouvé Bayrou moins pertinent, plus fragile. Il n’assumait plus la construction européenne comme avant », juge-t-il.
La rupture est consommée en 2015 lors du débat sur le traité transatlantique Tafta. Trouvant son ancien champion « tiède » sur la question, James Georges est au contraire séduit par Jean-Luc Mélenchon, beaucoup plus combatif sur le sujet. Mais sans rejoindre tout de suite le ténor de feu le Front de gauche. Ce sera d’abord Nouvelle donne, un mouvement fraîchement crée par un autre ancien socialiste, le chantre de la semaine de 32 heures, Pierre Larrouturou. Une nouvelle fois, il n’hésite pas à s’encarter. Mais déchante assez vite, déçu par « l’ego » de Larrouturou.
James Georges tombe alors sur le livre L’Ere du peuple dans lequel Jean-Luc Mélenchon explique le sens de sa candidature à la présidentielle. Il y trouve tout ce qui le fait vibrer : la 6ème République, mais surtout la transition écologique. Une « question fondamentale » pour ce père de famille qui se décrit comme « de gauche avec une fibre écologiste ». Face à l’épuisement des ressources, la pollution de l’eau et de l’air, « nous ne pouvons plus regarder ailleurs », affirme-t-il, paraphrasant l’ancien président Jacques Chirac. Son premier bulletin électoral, glissé dans l’urne à la présidentielle de 1988 portait d’ailleurs le nom d’Antoine Waechter.
Comme à son habitude, James Georges se lancé tête baissée dans son nouveau combat pour la France insoumise. Il participe au lancement des groupes locaux de Décines et Meyzieu. Le 5 février il va à Eurexpo pour assister au grand meeting lyonnais, celui qui fut retransmis en hologramme à Paris. Le 18 mars, il monte à la capitale pour la Marche pour la 6ème République, puis part à Marseille et Dijon pour d’autres meetings.
Mais voilà, une nouvelle déception attend ce militant passionné. Son champion échoue au pied du podium d’une élection qui envoie Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour. « On s’attendait à ce qu’il passe, vu l’ampleur du mouvement », se désole James Georges.
Infatigable, il arpente désormais les marchés de la quatorzième circonscription. Son T-shirt blanc siglé Forum des démocrates est barré d’un autocollant du fameux Phi. A l’endroit, cette lettre de l’alphabet grec représente les initiales du mouvement de la France insoumise : FI, explique-t-il fièrement. Couchée sur le côté, elle devient un 6 comme 6ème République. Puis, elle signifie le Nombre d’or en géométrie, un nombre censé apporter harmonie.
Dans la quatorzième circonscription, ce signe sème d’abord la zizanie avec les communistes. Le parti de la maire de Vénissieux Michèle Picard n’a qu’un but : récupérer son bien, à savoir le siège occupé par André Gerin entre 1993 et 2012 et dont il a été dépossédé aux dernières législatives. La candidature dissidente de la France insoumise fait alors désordre. « La dernière fois, ils n’ont même pas été au second tour. On ne peut pas dire qu’on leur fait de l’ombre », raille James Georges qui se serait bien vu lui-même candidat, mais dont ses camarades trouvaient le parcours un brin « atypique ».