Malheureusement pour l’OL, les matchs se suivent et se ressemblent. Incapable de dominer une rencontre de la première à la dernière minute, d’imposer son style de jeu, de dominer le milieu de terrain et (le plus important) de concrétiser ses occasions, le septuple champion de France, déjà tombé bien bas fin août, s’affaisse un peu plus, de semaines en semaines. Les Rhodaniens n’ont même pas profité de leur victoire en milieu de semaine face aux Allemands de Schalke 04 (1-0) pour rester dans une dynamique positive et se sont présentés à Bordeaux davantage dans l’optique de ne pas perdre que dans celle de gagner. Résultat : peu d’occasion et un jeu désordonné et désarticulé qui n’a presque jamais inquiété les hommes de Jean Tigana.
« Je pense qu’il y avait matière à faire un nul. Le match était bloqué, les joueurs étaient crispés. Nous avons eu les premières opportunités... » décrivait un Claude Puel plein de regrets après la rencontre. Il pensait sans doute à la tête au-dessus de la transversale de Michel Bastos, sur un bon centre de Gourcuff, sifflé par Chaban-Delmas (8’), ou, plus certainement, au face à face manqué par Lisandro devant Carrasso (31’). C’étaient les deux seules occasions de la première mi-temps dans ce match fermé plein de tension, au cours duquel les deux quart de finalistes de la dernière Ligue des champions n’ont pas vraiment fait honneur au football.
« Ça n’a pas été un super match mais on aurait du ramener un match nul. (...) On a des blessures, Licha se blesse ce soir » résumait tristement le capitaine Jérémy Toulalan, qui a vu son co-équipier Lisandro Lopez sortir en début de seconde mi-temps, victime d’une contracture à une cuisse après une course avec le bordelais Fernando. Un pépin musculaire de plus à gérer pour Lyon. Celui-ci est-il à mettre sur le compte de la fatigue du match de Ligue des champions de mardi dernier ? « Non, martèle Claude Puel, ce n’est pas le problème. Nous avons évacué notre match de mardi ». De quoi être encore plus inquiet, alors que l’une des seules sources de réconfort semblait venir de l’idée que les joueurs lyonnais n’avaient pas récupéré physiquement de leur match de Coupe d’Europe.
Diarra fusille Lloris sur un coup franc de Plasil
Un homme averti en vaut-il deux ? La question mérite d’être posée à en juger par les propos de Claude Puel : « On savait que les Bordelais seraient dangereux sur coups de pied arrêtés ». Comme pour se mettre à l’abri d’éventuelles critiques sur la préparation du match ou sur l’étude de son adversaire, l’entraîneur général de l’OL n’a pas caché qu’il connaissait les points forts bordelais... sans parvenir néanmoins à les contrer. Car c’est précisément sur coup de pied arrêté (coup franc de Plasil) que Bordeaux allait assommer Lyon à l’heure de jeu. Après une faute de Réveillère, le Tchèque plaçait le ballon dans la surface rhodanienne et trouvait la détente et le crâne de l’ancien lyonnais Alou Diarra, qui prenait le meilleur sur Lovren et marquait d’une imparable tête au premier poteau (60’). Hugo Lloris, peu vu au cours du match, ne pouvait rien faire sur cette puissante tête dans le petit filet opposé.
« Nous aurions dû poser davantage le pied sur le ballon, être plus dangereux. (...) Il nous a souvent manqué des petits gestes et de lâcher le ballon plus vite. (...) Il faut plus de maîtrise dans le jeu, plus de technique et varier nos attaques. Nous n’avons pas su trop le faire. On est en recherche de confiance. Pourtant, après le premier but, nous avons eu la possibilité de revenir » faisait remarquer Claude Puel, visiblement content du plus offensif apporté par Jérémy Pied et Bafé Gomis.
« Il nous manque ce brin de chance »
L’ancien stéphanois Gomis se procurait deux grosses occasions après son entrée en jeu, la première d’une tête à côté des buts (72’), la deuxième d’une frappe puissante contrée et s’écrasant sur la transversale de Cédric Carrasso (89’). Avec cette dernière tentative, Lyon avait laissé passer sa chance dans ce match. Les Gones ne reviendraient pas et concédaient même le 2-0 dans les arrêts de jeu, après que Jussiê ait effacé Lovren et Diakhaté pour s’en aller tromper Lloris (90+2’).
Ce deuxième but n’était pas du goût de Jérémy Toulalan. Triste, le milieu de terrain lyonnais n’a pas caché sa déception, une fois de plus, après ce mauvais résultat rhodanien. « On n’est pas très bon dans le jeu et en plus on n’a pas de chance. Il nous manque ce brin de chance qui pourrait tout changer... » lançait l’ancien Nantais, faisant référence à la transversale de Gomis en fin de match. Lucide, Claude Puel trouvait lui quand même quelques points positifs : « J’ai vu des progrès. Contre Valenciennes, c’était intéressant dans le contenu. Là aussi, c’était solide ». Davantage que son équipe, c’est le coach lui-même qui va devoir être solide dans les jours qui viennent.
Puel sur un siège éjectable, Aulas calme le jeu
En fins observateurs du jeu pratiqué par l’Olympique Lyonnais depuis un peu plus de deux saisons, une bonne partie des supporters de l’OL réclament après cette nouvelle défaite la démission ou le limogeage de Claude Puel par son président Jean-Michel Aulas. La saison dernière, déjà, aux mois de novembre et décembre, la démission du coach était réclamée à Gerland à chaque match, mais le Président de l’OL n’a officiellement jamais flanché et a toujours maintenu sa confiance à son entraîneur. Seulement, sous le poids d’arguments économiques et financiers (l’OL est un club côté en bourse), le Conseil d’Administration pourrait bien faire peser la menace un peu plus lourdement sur le poste de Claude Puel, et convaincre Jean-Michel Aulas de s’en séparer.
Une hypothèse loin de satisfaire le plus fervent défenseur de l’ancien coach du LOSC : « On doit arriver à décoller sur le plan arithmétique. Il faut courber l’échine et repartir sur de bonnes bases. Ça ne sert à rien de critiquer et de s’alarmer car les joueurs en ont conscience. Le championnat est long. (...) J’ai la conviction qu’on va redresser la barre. On a besoin d’encouragements ». Et Toulalan d’éviter la question en se projetant déjà vers la semaine prochaine... « Il y a le match contre Saint-Etienne qui arrive donc il y aura pas mal de pression. (...) Je pense que ça va venir. De toute façon on pas le choix. On se doit de gagner nos matchs à domicile et d’autant plus face à Saint-Etienne. Il faudra récupérer et bien travailler cette semaine ». Reste à savoir si l’ambiance à Tola Vologe cette semaine sera propice au travail dans le calme...
